passage en douane vol régulier
qu'avez vous donc à déclarer
je transporte des mots valises
aux chants rares qui me grisent
aucun trait glauque becs acérés
de joyeux drilles bien calibrés
en congés, je collectionne
des mots d'esprits qui bien ronronnent
lassés d'attendre, ils s'échappent
rejoindre le vent qui les happent
me laissant vide papier froissé
la mine grise un rien frustrée.
Qui êtes-vous ?
jeudi 19 juillet 2012
mercredi 20 juin 2012
Papillons
papillon de jour papillon de nuit
volètent volètent
sur les courants d'air
fragiles les mots
s'échappent de ma tête
brève est leur vie
une goutte sur tes lèvres
dans les courants d'air
sans abri sans bruit
s'enfuient l'avenir
les belles paroles
papillon de jour papillon de nuit
jamais ensemble
volèrent volèrent.
volètent volètent
sur les courants d'air
fragiles les mots
s'échappent de ma tête
brève est leur vie
une goutte sur tes lèvres
dans les courants d'air
sans abri sans bruit
s'enfuient l'avenir
les belles paroles
papillon de jour papillon de nuit
jamais ensemble
volèrent volèrent.
mardi 13 mars 2012
La sieste de José Maria de HEREDIA (1842-1905)
Pas un seul bruit d'insecte ou d'abeille en maraude,
Tout dort sous les grands bois accablés de soleil
Où le feuillage épais tamise un jour pareil
Au velours sombre et doux des mousses d'émeraude.
Criblant le dôme obscur, Midi splendide y rôde
Et, sur mes cils mi-clos alanguis de sommeil,
De mille éclairs furtifs forme un réseau vermeil
Qui s'allonge et se croise à travers l'ombre chaude.
Vers la gaze de feu que trament les rayons,
Vole le frêle essaim des riches papillons
Qu'enivrent la lumière et le parfum des sèves ;
Alors mes doigts tremblants saisissent chaque fil,
Et dans les mailles d'or de ce filet subtil,
Chasseur harmonieux, j'emprisonne mes rêves.
Tout dort sous les grands bois accablés de soleil
Où le feuillage épais tamise un jour pareil
Au velours sombre et doux des mousses d'émeraude.
Criblant le dôme obscur, Midi splendide y rôde
Et, sur mes cils mi-clos alanguis de sommeil,
De mille éclairs furtifs forme un réseau vermeil
Qui s'allonge et se croise à travers l'ombre chaude.
Vers la gaze de feu que trament les rayons,
Vole le frêle essaim des riches papillons
Qu'enivrent la lumière et le parfum des sèves ;
Alors mes doigts tremblants saisissent chaque fil,
Et dans les mailles d'or de ce filet subtil,
Chasseur harmonieux, j'emprisonne mes rêves.
mercredi 25 janvier 2012
Croisière
la ville éventrée s'est couchée sur le flanc
un luxe de pacotille au temps vide
en grosses lettres en bandes annonces
un charivari de sauve qui peut
les yeux fermés je pense bleu originel
chaude marée vent de terre creux de voile
comme un récif impitoyable un refrain déchire :
la vanité a fait naufrage
un luxe de pacotille au temps vide
en grosses lettres en bandes annonces
un charivari de sauve qui peut
les yeux fermés je pense bleu originel
chaude marée vent de terre creux de voile
comme un récif impitoyable un refrain déchire :
la vanité a fait naufrage
"A darker storm stands over the world.
It puts its mouth to our soul
and blows to get a tone. We are afraid
the storm will blow us empty. "
It puts its mouth to our soul
and blows to get a tone. We are afraid
the storm will blow us empty. "
Tomas TRANSTROEMER
lundi 19 décembre 2011
La cote 400 ( Sophie DIVRY)
(...) pour écrire,(j'y ai beaucoup réfléchi aussi) il faut avoir un problème sexuel. C'est évident. Ou trop de libido ou pas assez. C'est au choix. Mais, écrire, c'est sexuel. Alors, vous comprenez que , moi, au milieu de tous ces livres, avec Martin, là, quand il est à la porté de mes bras ? Heureusement qu'il y a deux mille ans de civilisation derrière moi et le ficus entre nous, sinon... (...)
Ed Les allusifs ISBN 978-2-923682-13-6
Ed Les allusifs ISBN 978-2-923682-13-6
samedi 29 octobre 2011
Les lois de l'univers sont contre nous (P. Barthélémy -oct 2011)
Les lois de l'Univers sont contre nous

"Si quelque chose peut mal tourner, cela tournera mal." Etablie empiriquement à la fin des années 1940 par un ingénieur de l'US Air Force qui lui donna son nom, la loi de Murphy, ou loi de la guigne maximum, est dotée d'amusantes extensions dont la plus célèbre est sans nul doute la loi de la tartine beurrée : "La tartine tombe du côté du beurre." D'aucuns expliquent instinctivement le phénomène en disant que la couche de matière grasse provoque une dissymétrie du moment d'inertie du toast ou de son aérodynamique. En réalité, dans une étude aussi pleine de science que d'humour britannique, publiée en 1995, dans l'European Journal of Physics, Robert Matthews a montré que le beurre, si déterminant pour le goût, n'était que quantité négligeable dans l'histoire : si la tartine atterrit du mauvais côté, c'est tout simplement, prouve cet article, parce que les lois de la nature sont contre nous. L'examen de la chute de la tartine beurrée met en lumière le caractère profondément maléfique de l'Univers. On s'en doutait, à regarder le journal télévisé, mais une preuve scientifique vaut mieux qu'une supputation.
Robert Matthews passe au crible la dynamique du toast tombant d'une table. Glissement, friction, rotation, tout y passe. La première conclusion est que la tranche de pain (de baguette ou de pain de mie, les deux sont étudiés) n'a en général pas le temps de faire un tour complet. On aurait pu s'arrêter là et passer au corollaire de cette loi, à savoir : "La probabilité pour qu'une tartine tombe du côté beurré est directement proportionnelle au prix du tapis." Mais Robert Matthews s'intéresse à la physique et non à l'économie, et il aime visiblement aller au fond des problèmes.Comme on peut s'en apercevoir en lisant les formules dont son article est émaillé, l'élément principal qui provoque le drame de la tartine, si l'on met de côté votre maladresse ou le fait que vous n'auriez pas dû vous rincer à la vodka hier soir, est la hauteur de la table. Or, celle-ci est directement déterminée par la taille de l'humain moyen, qui est elle-même le résultat de l'évolution.
La bipédie que nos lointains ancêtres ont acquise il y a quelques millions d'années est un facteur qui limite de notre taille pour des raisons de sécurité : si l'homme marchait à quatre pattes, il ne risquerait pas, même en mesurant plus de 3 mètres, de se briser le crâne à la moindre gamelle. La hauteur de la table dépend donc de la résistance de nos os à la chute, donc de la structure de la matière, de la masse du proton et de l'électron et de la constante de la structure fine qui régit la force électromagnétique assurant la cohérence des atomes. Sont aussi impliquées la vitesse de la lumière (pour le calcul de l'énergie) et les lois de la gravitation. Au final, tous les organismes humains sont destinés à expérimenter à leurs dépens la loi de Murphy appliquée à la tartine, ce en raison des constantes fondamentales de l'Univers fixées lors du Big Bang.
Pour confirmer son étude, Robert Matthews a, en 2001, fait effectuer un immense test en recrutant des écoliers dans tout le Royaume-Uni. Sur plusieurs milliers de chutes de tartines, 62 % de celles-ci ont atterri côté beurré, ce qui est significativement plus que ce que le pur hasard autoriserait. Et il y a une explication pour les 38 % qui ont fini à l'endroit : on avait beurré le mauvais côté.
Pierre Barthélémy est journaliste et auteur du blog Globule et télescope.
Article paru dans l'édition du 30.10.11
vendredi 2 septembre 2011
Le plus beau vers de la langue française (René de Obaldia)
« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »
Voici, mes zinfints
Sans en avoir l'air
Le plus beau vers
De la langue française.
Ai, eu, ai, in
Le geai gélatineux geignait dans le jasmin...
Le poite aurait pu dire
Tout à son aise :
« Le geai volumineux picorait des pois fins »
Et bien ! non, mes zinfints.
Le poite qui a du génie
Jusque dans son délire
D'une main moite
A écrit :
« C'était l'heure divine où, sous le ciel gamin
LE GEAI GÉLATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN »
Gé, gé, gé, les gé expirent dans le ji
Là, le geai est agi
Par le génie du poite
Du poite qui s'identifie
A l'oiseau sorti de son nid
sorti de sa ouate.
Quel galop !
Quel train dans le soupir !
Quel élan souterrain !
Quand vous serez grinds
Mes zinfints
et que vous aurez une petite amie anglaise
Vous pourrez murmurer à son oreille dénaturée
Ce vers, le plus beau de la langue française
Et qui vient tout droit du gallo-romain :
« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »
Admirez comme
Voyelles et consonnes sont étroitement liées
Lez zunes zappuyant les zuns de leurs zailes.
Admirez aussi, mes zinfints,
Ces gé à vif
Ces gé sans fin
Tous ces gé zingénus qui sonnent comme un glas :
Le geai géla ... Blaise ! Trois heures de retenue.
Motif :
Tape le rythme avec son soulier froid
Sur la tête de son voisin.
Me copierez cent fois :
Le geai gélatineux geignait dans le jasmin.
René de Obaldia ( cliquez là : brève bio)
extrait de Innocentines - 1969
cité dans En rires Ed Seghers p 111-112
Voici, mes zinfints
Sans en avoir l'air
Le plus beau vers
De la langue française.
Ai, eu, ai, in
Le geai gélatineux geignait dans le jasmin...
Le poite aurait pu dire
Tout à son aise :
« Le geai volumineux picorait des pois fins »
Et bien ! non, mes zinfints.
Le poite qui a du génie
Jusque dans son délire
D'une main moite
A écrit :
« C'était l'heure divine où, sous le ciel gamin
LE GEAI GÉLATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN »
Gé, gé, gé, les gé expirent dans le ji
Là, le geai est agi
Par le génie du poite
Du poite qui s'identifie
A l'oiseau sorti de son nid
sorti de sa ouate.
Quel galop !
Quel train dans le soupir !
Quel élan souterrain !
Quand vous serez grinds
Mes zinfints
et que vous aurez une petite amie anglaise
Vous pourrez murmurer à son oreille dénaturée
Ce vers, le plus beau de la langue française
Et qui vient tout droit du gallo-romain :
« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »
Admirez comme
Voyelles et consonnes sont étroitement liées
Lez zunes zappuyant les zuns de leurs zailes.
Admirez aussi, mes zinfints,
Ces gé à vif
Ces gé sans fin
Tous ces gé zingénus qui sonnent comme un glas :
Le geai géla ... Blaise ! Trois heures de retenue.
Motif :
Tape le rythme avec son soulier froid
Sur la tête de son voisin.
Me copierez cent fois :
Le geai gélatineux geignait dans le jasmin.
René de Obaldia ( cliquez là : brève bio)
extrait de Innocentines - 1969
cité dans En rires Ed Seghers p 111-112
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