vendredi 18 décembre 2009

Amaldur Hermanson

Amaldur fit le choix d'hiberner
sous un tas de feuilles anonymes
oublieux du feu et du jardinier
calfeutré dans sa carapace intime

Pour ce fléau discret de l'aire cultivée
En hiver, le brasier préparé est un leurre
qui le tue pour avoir préféré au fumier
un confort moelleux, inodore et trompeur

D'Amaldur immolé le monde aurait pu ignorer
la fin muette au cœur glacé de décembre
s'il n'était resté couchée dans la cendre
une coque vide par l'Enfer dédaignée

Après des décennies d'un hasardeux voyage
il avait cru atteindre le Vert Paradis
Hélas pour Amaldur la Mort le surprit
rêvant - l'innocent! - de tendres paturages.

samedi 5 décembre 2009

Frangine

Il fait froiglagla
Où sont passées mes chaussettes en laine
et mon pull angora ?
Au fond d’un tiroir, en haut du placard...

Nada

Il fait froiglagla
Où ai-je bien pu les fourrer
Dans mon sac à dos
A l’abri des mites des rayons cosmiques

Nada

Il fait froiglagla
A l’aide ! Qui frappe à ma porte ?
toi, bien au chaud
dans mes chaussettes en laine et mon pull angora

Frangine, Voleuse,
rends les moi !

lundi 21 septembre 2009

La fabuleuse mais néanmoins réelle histoire du vilain et chétif petit œuf verdâtre (5).

5- Où l’on fait connaissance de Krok Krokète M. Plaak Tektonic arrive donc chez les Barratcha en même temps que nous et assiste aux premières loges et gratuitement à la Grande Scène du Siècle Le spectacle vaut son pesant d’or. Son compte rendu exhaustif est resté longtemps tête de liste incontestée des Annales des Disputes et Règlements de Comptes en le Royaume… Papa et Maman Barratcha, fumant et écumant, apostrophaient leur dernier né, le gentil Krok Krokète, le mettant presque à terre rien qu’avec leurs haleines qui auraient sans peine vaincu à elles seules la fameuse armée des Géants des terres sèches, lors de la bataille du Pont de Pierre. Tu nous déshonores, hurlait postillonnante, Madame Barratcha, comment peux-tu me faire ça à moi ! ta Mamounette chérie … je t’ai couvé pendant 10 ans, je t’ai aidé à briser ta coquille, je t’ai nourri comme tout bon barratcha au lait rance et maintenant, regarde toi ! tu es, tu es … un bon à rien, un pas grand chose, enchaîna Papa Barratcha, lorsque son épouse fut (pour la première et dernière fois de sa très longue vie) à court de mots : un pervers dégénéré, un insensible du palais, une erreur de la nature, un mutant dangereux... Chacun de ses mots venaient s'échouer sur notre Krok Krokrète, stoïque comme un rocher au centre d'une tempête, et si mignon avec ses écailles noires bien rangées, ses crocs encore blancs et pointus, sa jolie queue fourchue et ses yeux si brillants Oh oh oh !!! Alerte ALERTE !!! tout le monde sait que la brillance des yeux est un signe de réchauffement interne qui présage fort d'une révolution pouvant entraîner des conséquences dites facheuses ou, au minimum, aléatoires... M. Barratcha Père, vaguement conscient du risque, emporté par sa faconde, finit par conclure sa diatribe par une décision irrévocable : Je te désavoue, articula t il dans un dernier relent de fromage coulant, tu n’es plus un Barratcha. Tu as deux minutes pour quitter les lieux et disparaître à jamais… M. Plaak juge sagement qu’il est préférable de se faire discret et d’attendre la brise du matin clair, celle qui inverse le sens des humeurs, pour questionner la famille sur le délicat sujet du vilain et chétif petit œuf verdâtre qu’il est censé récupérer. Les farfadets ne sont pas très entreprenants pour ne pas dire un peu lâches. Si vous êtes pressé mieux vaut confier votre mission à d’autres (nota : personnellement j’apprécie beaucoup la Compagnie de la Toile et ses équipes d’octets, rapides et efficaces) … Quant à Krok Krokète, il fait front, décidé à assumer sa nature profonde et à lutter – il est jeune et plein d’illusions – contre le monde entier - s’il le faut. Au fond de lui, il estime qu’il a le droit d’être comme il est et que d’aimer les fromages frais n’est pas une tare si impardonnable. Après tout, ce n’est pas comme s’il dévorait en cachette des moutons ou pire des chevaliers énamourés et matinaux (oui, oui, je sais, je me répète mais j’aime bien les chevaliers énamourés et matinaux même s’ils ne jouent aucun rôle dans cette histoire… je crois bon de les citer et de vous rappeler qu'on a toujours besoin d'un chevalier chez soi) Krok Krokète marmonne qu’il serait parti même sans autorisation parentale vers des horizons allégés : l’odeur est vraiment, vraiment trop insupportable. Deux minutes sont vite passées même au Royaume où tout tend à bouger sans suivre de règles strictes aussi Krok Krokète se dirigea vers la réserve pour prendre de quoi se sustenter après son départ : d’ailleurs, les fromages frais ont tendance à ne pas le rester longtemps et ce serait trop bête de gâcher de la belle marchandise. Mais qu’est ce encore, grommela Krok Krokète qui, s’étant heurté sur un objet ovoïde, faillit s’étaler de tout son long. L’objet en question par un phénomène bien connu des magiciens, menaçait de prendre la poudre d’escampette quand il fut bloqué astucieusement par M. Plaak Tektonic qui, en bon farfadet, espionnait discrètement Krok Krokète. Enfin je te trouve, s’écria l’un Ah je te tiens dit l’autre Il est à moi s’écria le premier Mille pardons, il m’appartient ! fit le second bien décidé à se cramponner à la chose dans le cas où elle s’avèrerait précieuse (n’oubliez pas que, même renié, Krok Krokète reste un dragon tout ce qu’il y a de dragonien…) Pour faire court (les discussions entre dragon et farfadet sont alambiquées et ennuyeuses aussi je vous en ai fait grâce), l’un et l’autre se mirent d’accord : l’un pour porter l’autre, l’autre pour porter la chose et tout trois pour s’enfuir vers une destination inconnue mais qui serait assurément quelque part dans le Lointain Ailleurs … A suivre

samedi 8 août 2009

La fabuleuse mais néanmoins réelle histoire du vilain et chétif petit œuf verdâtre (4).

4- Retour à la case départ… Mais qui vois-je là, sautillant, chantonnant, le chapeau de guingois, allant de notre côté ? Plaak Tektonic en personne, farfadet de nature et messager de métier! Apparemment, il doit être en mission puisqu’il est vêtu de vert de la tête aux pieds. Comme tous les farfadets, il est petit, agréable, légèrement coquin et essentiellement étourdi ce qui explique que nous le retrouvons à la porte de la propriété Rouge, Jaune & Cie le matin même de l’excursion de M. Rouge c'est-à-dire avec seulement quelques années de retard. Mme Jaune, émergeait à regret d’un délicieux sommeil empli de joyaux rouges. Toute émerveillée d’en trouver un si gros tas sous elle, elle ne nota pas immédiatement l’absence de son mari… dans le cas contraire, ses rugissements auraient été perçus bien au-delà des frontières pourtant insonorisées du Royaume ! Très CHère MAdame JAUne, débuta avec entrain notre Plaak Tektonic tout sourire, je suis PORrteur d’une EXcellente nouvelle ! et d’esquisser dans sa joie, quelques pas de danse farfadienne en essayant d’entraîner dans l’affaire le bout du bout de la queue de Mme Jaune. Cette dernière se contorsionna tant bien que mal pour suivre les déplacements aériens dudit Plaak et pensa à part elle qu’il devait avoir sifflé un peu trop de jus de feu follet car un farfadet qui se respecte n’oserait jamais, au grand jamais, danser avec le bout du bout de la queue d’un dragon. Mais je m’égare ! Quelle est donc cette si agréable nouvelle qui vous met dans tous vos états, gentil messager, s’enquit Mme Jaune qui avaient acquis quelques manières à force de recevoir des chevaliers énamourés et matinaux dans son garde manger. Pour une BAgatelle, une PEtite BROUtille de rien du TOUT, vous allez avoir, chèèèèèèèèèère Maaaadaaaaaaaame, la chance INcroyable de pouvoir SAUver le ROYaume des griffes de l’EFFroyable : Réré Chofman of Klimatiko annonça d’une traite M. Tektonic (avec un c je vous prie, merci, seul le méchant à droit au ko final mais là je m’avance peut être un peu) Ayant débité son message, le farfadet messager se crût autoriser à s’asseoir : la montée jusqu’à la caverne suivie de la danse endiablée lui ayant cisaillé les jambes! Immédiatement, Mme Jaune retrouva un regard de tueur réservé habituellement aux chevaliers énam… ah, oui ??? vous savez déjà , oui, ceux du gar… bon d’accord , j’abrège. Un farfadet en visite matinale, passe encore, mais assis sur sa couche de rubis, ça allait chauffer ! Rouge, hurla t elle, ROUGE , ICI, MAINTENANT ! INUtile de vous AFFoler, cheeeeeeeer Maaaaaaaaaadaaaaaaaaaam, reprit sans sourciller le farfadet affichant encore en travers du visage le sourire taille xxl de chez Fars & Gogo, M. Rouge est en mission de la plus haute importance avec Miss Eko Lodgic, grande sorcière du Clan éteint des KileséKisétou… Jaune était une très jolie dragonne qui s’efforçait en tout temps de bien tenir son rang, sa réputation, sa maison et en dernier son mari mais qui, il est vrai, ne brillait pas par la vivacité de sa conversation. Plaak quant à lui n’était pas formé à la diplomatie et voyant le temps s’éterniser sur un silence gênant (en général, pour meubler on fait passer les anges mais ces derniers étaient tous partis pour le grand Congrès Centenaire des Anges Passants ) ledit Plaak donc, pris sur lui de débiter d’une traite : « poursauverleroyaumevousdevezmeremettrelevilainpetitoeufchétifetverdâtrequivintaumondeicimême… Jaune, prise d'un terrible doute, se précipita vers la nursery, souleva, compta et recompta, vérifia à la lumière sa progéniture : Ouf, il n’y avait bien que quatre œufs, tous soit rouges soit jaunes dans la couveuse… Elle avait déjà oublié qu’elle avait mis au rebut letrèsvilainetchétifpetitoeufverdâtre. (ah si les jaunes étaient en plus intelligentes alors moi-même, et compte tenu de leur chaleur, je m’en tap. heu, excusez moi mais on peut toujours rêver, non ?) En pleine confusion mentale, après tout, il était possible sinon réaliste d'envisager qu’il n’y ait eu plus que quatre œufs dans la couveuse (rappelez vous au début de l’histoire elle avait déjà du mal à en faire le compte) Mme Jaune eut, à son tour, une idée lumineuse et opta, il faut le dire avec courage, pour une action immédiate : vous voyez bien qu’il n’y a pas de vilainetchétifpetitoeufverdâtre sous mon toit. Cessez donc de m’ennuyer avec votre sauveur du royaume ! Allez donc voir plutôt du côté de ces affreux Barratcha Leur odeur ferait fuir le plus félon des ennemis. Ils sont du genre à pondre de cette délicieuse couleur moisissure dont vous semblez être friant. Là-dessus, elle expédia d’un bon drop de la queue M. Plaak Tektonic directement à l’entrée de Barratcha & Cie sur la montagne d’en face ce qui le fit arriver sans délai là où nous devions le retrouver pour l’évènement capital qui va maintenant (« enfin » seriez vous en droit de dire si je vous laissais la parole !) qui va donc maintenant, dis-je, en direct, sous vos yeux ébahis, prendre place !

vendredi 3 juillet 2009

La photocopieuse

Danger , machine branchée… Vous croyez la machine au service de l’homme ? Sérieusement, êtes vous certain qu’elle vous facilite la vie ? Tenez, prenez par exemple la photocopieuse Une machine inventée pour vous aider à communiquer et vous éviter les tâches fastidieuses Certes un peu volumineuse et parfois bruyante mais statique, donc à priori sans danger. On pourrait croire alors qu’il suffit pour la maîtriser de la cantonner dans un petit coin discret mais tout de même lumineux (elle a peur du noir) ou au bout d’un couloir afin que tout le monde puisse l’admirer au passage et flatter ainsi son égo. Après tout, elle a fait un effort de look et s’expose branchée, presque design. Pourtant, que de misères, de dépressions de traumatismes lui sont imputables Vous vous présentez muni d’un simple modèle noir et blanc qu’on avait omis de vous remettre et qu’il faut dans les 2 mn dupliquer en une centaines d’exemplaires pour la réunion d’information très importante que tient M. le Grand Directeur sur un sujet de son choix, passionnant, comme l’extension du réseau d’assainissement et sa budgétisation. Donc sur le papier quelques chiffres et un schéma plutôt simplet (il faut qu’il soit lisible par tous et ne comporte donc que de vagues indications sans mots rébarbatifs ou techniques, aucune couleur aucun montage à prendre en compte) Connaissant la susceptibilité de la chose, vous vous approchez en sifflotant gentiment pour la réveiller en douceur . Une petite lueur rouge maligne vous surveille déjà et votre cœur se met soudain à battre follement C’est d’un doigt le plus doux possible que vous lui caressez le bouton sensible de votre code d’accès Et là, au lieu du ronronnement habituel, elle émet ce couic strident qui vous fait sursauter et qui doit s’entendre jusqu’au sous sol. « Code erroné. » Bon, pas encore la panique à bord. Sans trop hésiter (le temps passe) vous vous risquez à tapoter avec plus de fermeté le code de votre collège absent(par quelle diablerie a t elle effacé le vôtre ? mystère et boule de gomme, vous règlerez cela plus tard). Le monstre daigne valider au premier essai les chiffres du comptable. Il vous signifie ainsi qu’il n’entend pas vous rendre la vie facile, qu’il vous en veut à vous, personnellement. Mais diable, allez vous vous laisser dominer par cette créature soi disant sans âme N’êtes vous pas de la même espèce que l’être suprême, le dieu créateur ??? Avec optimisme, vous engagez la feuille dans la rayure adéquate et indiquez soigneusement le nombre d’exemplaires simples souhaités. Elle –ou il si vous pensez comme moi monstre) s’empresse, goulue, d’avaler de travers. Aie ; c’est l’original. Vite opération démontage, récupération in extrémis du-dit précieux document légèrement amputé dans le coin supérieur gauche mais ouf, sans autre dégât. Option deux vous soulevez le capot pour tenter d’obtenir des copies. Riposte immédiate ! Réservoir d'encre plein Impossible d'imprimer (toujours en rouge agressif clignotant) .AHHHHHHH vous allez vous en mettre partout Si seulement il suffisait de changer de cartouche mais là, il faut d'abord vidanger le réservoir Galère et Mains Noires. Vous êtes rodé, tenace, et hop hop hop, en deux temps trois mouvements, vous lui réglez son affaire à la ga.... euh pardon, la photocopieuse sans salir (miracle) l'original que vous aviez laissé, instinctivement, sous le capot Les paumes moites, les mâchoires serrées sur votre frustration, vous osez retaper sur valider ERREUR FATALE ! « votre document n’est pas un format standard, veuillez remplir la cassette adéquate » défile devant vos yeux exorbités ; laquelle cassette adéquate bien entendu n’existe pas puisqu’il manque juste un demi centimètre qu’elle s’était arrangée pour prélever et l'enfouir sous des rouages obscurs et inaccessibles Surtout ne pas s’énerver ni exprimer sa frustration à haute voix La machine est susceptible, peut être même télépathe, car si vous avez eu l’audace de penser trop fort quelques mots bien imagés ( que je n’ose répéter ici) sa vengeance sera comme la haine corse, éternelle. Dans la salle de réunion, les raclements se font entendre. On s’impatiente Vite, vous réinitialisez l’engin de malheur et vous l’obligez à valider le format A4 Par pur sadisme, elle clignote encore Elle fait son genre, elle la parfaite, qui s’adapte à tout elle minaude : type de papier ? simple ou cartonné, recto ou verso, tir groupé ou trieuse (à la co,,, , il n’y a qu’un document : elle le fait exprès c’est sûr) . Avec un calme d'apparence olympien,mais plus proche du magma dans sa cheminée volcanique, vous répondez (juste) à ses questions et suivant ses propres consignes, tapez enfin sur la touche exec qui vous nargue de son vert glauque. Mal vous en a pris. Elle recommence à clignoter rouge Il vous faut un moment pour comprendre qu’elle a fait disparaître par télékinésie – il n’y a pas d’autres explications plausibles parce que moins de 10 mn avant votre duel, vous avez personnellement rechargé ses bacs ) toute une ramette de papier (conforme, si, si, je vous l’assure, 80 gr standard etc etc) Nul doute, elle vous déteste mais vous le lui rendez bien Au bord des larmes, rêvant de papier carbone ou d’une gentille ronéo, vous ne résistez pas à la tentation de lui envoyer votre pied sur le tibia (ou son équivalent mécanique) en appliquant une force modérée car - oubli impardonnable - vous n’êtes pas équipé de godillots de protection et elle pourrait en profiter pour vous casser un ou deux orteils sachant pertinemment que vous aurez beaucoup de difficulté à faire passer votre agressivité pour un accident de travail... c’est le moment que choisit votre chef bien aimé pour venir aux nouvelles des fois que pris de folie vous vous seriez autorisé une pause cigarette pour retrouver votre sang froid habituel. Rien que pour vous faire mentir, dès qu’il apparaît et que vous tentez d'une voix contenue de lui exposer les contre temps rencontrés, elle ronronne, la lâche, la lèche botte, mielleusement et se met à cracher les 100 copies sans même prendre le temps de souffler tapant sans nul doute dans le bac à fax (le pauvre, elle ne le remboursera jamais) et mijotant sa prochaine bataille. En vérité je vous le dis : La guerre ne fait que commencer !

jeudi 7 mai 2009

La fabuleuse mais néanmoins réelle histoire du vilain et chétif petit œuf verdâtre (3).

3- premier arrêt… La vallée des Glisses Interminables s’était beaucoup éloignée depuis le dernier relevé cartographique Rouge donna bientôt des signes de fatigue. Non seulement il n’était pas habitué à de longs efforts mais il portait une sorcière fatiguée sur son dos Tout le monde sait (sauf vous, peut être ?) qu’une sorcière fatiguée pèse beaucoup beaucoup beaucoup plus lourd qu’une sorcière en pleine forme. Et surtout, souvenez vous que notre valeureux dragon était parti sans prendre de petit déjeuner ! Son ventre se manifestait fréquemment et bruyamment, glougloutant (un reste de bière peut être ?) et gargouillant, lui causant des crampes assez douloureuses qui l’empêchaient de se concentrer sur les problèmes de navigation. Le vol devint chaotique et la sorcière s’en inquiéta. "Comment feras tu, le Rouge, pour naviguer sur les courants de la vallée de Glisses Interminables dans cet état, mieux vaudrait nous poser un moment afin que tu reprennes des forces …" Rouge se dit qu’il avait eu bien de la chance de heurter une sorcière aussi accommodante. Il chercha du regard un endroit pour atterrir. La région survolée ressemblait à une mer de creux et de bosses ternes sans aucun intérêt. Pas même un crococactérius ou un crotalysonibus en vue pour améliorer le paysage. Il n’y trouverait sûrement rien pour calmer sa faim ! Ne vaudrait- il pas mieux se poser un peu plus loin, s’enquit il de sa voix la plus charmeuse, imitation parfaite en intensité et en harmoniques du dernier concert d’un groupe de crapauds en chaleur par temps de pluie Descends je te dis, répondit fermement la sorcière attendrie. (Elle adorait les crapauds qu’elle élevait dans des centaines de bassins) J’ai un ami ici qui nous aidera. Il n’est pas bon de contrarier les sorcières, se remémora Rouge en pensant avec tendresse à son trésor, aussi obéit-il prestement. L’atterrissage ne fut pas des plus réussi mais comme il n’y eut personne pour le constater aussi nous ne nous attarderons pas dessus. Rouge soufflant et peinant, s’enfonçant dans le sable, pagayant du mieux qu’il pouvait de ses pattes et se servant de sa queue comme d’un gouvernail, finit piteusement par arriver devant l’entrée d’une maison construite dans le style très kitch d'un château terrien moyen age, avec donjons et tours, créneaux, balcons branlants, cours et fontaines (hors service ou alors suintant une eau malodorante et saumâtre) L’ensemble visiblement, tombait en ruines. Ah, s’exclama joyeusement la sorcière, en sautant à terre avec souplesse et grâce : il y a bien longtemps que je n’ai pas rendu visite à Lord Dezer TIFIKASSION. Rouge intérieurement commençait à se demander s’il serait de retour pour la soirée. Jaune allait s’inquiéter et il aurait droit à une scène carabinée … A l’avenir il se méfierait des idées lumineuses. J’aurais du remettre à demain ce que j’ai fait le jour même, ruminait il en attendant que leur hôte daigne abaisser le pont levis… Comme il ne sert à rien que nous perdions nous aussi notre temps à attendre alors qu’il n’y a rien à voir et qu’il commence à faire chaud (le soleil s’est enfin levé) je vous propose de retourner dans l’antre des Barratcha. Il s’y prépare en effet un événement exceptionnel qui lui, vaut la peine d’être vu ! à suivre

mardi 21 avril 2009

La fabuleuse mais néanmoins réelle histoire du vilain et chétif petit œuf verdâtre (2).

2- où le vilain et chétif petit œuf verdâtre change de localisation Rouge, pour la première fois de son existence, se leva de très, très, très bonne heure. Abandonnant Jaune à ses ronflements sonores, sans même prendre le temps d’avaler un petit déjeuner (en général, il prenait tous les matins soit une génisse tendre soit une demi douzaine de chevaliers qu’il conservait au frais au fond de sa caverne…)le voilà qui sort en catimini de la caverne conjugale. En grommelant à voix étouffée (genre bruit poussif de chaudière antique ) Rouge, fourragea du bout de l'extrémité de la griffe parmi les déchets et autres résidus indignes stockés dans une petite grotte annexe. Une nuit passée à d'intenses réflexions lui avait permis de déduire où Jaune et lui avaient jeté le vilain et chétif petit œuf verdâtre dès sa première heure tant il leur faisait honte L'ayant extirpé de dessous des couches accumulées de fausse monnaie, il s'en saisit sans trop de délicatesse puis se rendit, sur la pointe de l’aile, jusque chez ses voisins Barratcha encore profondément endormis. C’était vraiment, vraiment, très tôt ! Par ailleurs, veuillez noter au passage qu’il réalisa là sans le savoir, un véritable exploit car l’odeur des fromages pourrissants accumulés par des générations de Barratcha, était particulièrement insupportable et collante. En d’autres temps, elle aurait fait défaillir plus d’un dragon au cœur mieux accroché que notre Rouge… Pour un dragon de sa taille, Rouge se montra discret. Il se glissa sans bruit dans la réserve et cacha l’œuf derrière une pile de fromages de fabrication récente où il ne risquait pas d’être découvert rapidement. Ce sont les barratcha qui vont en avoir une sacrée surprise, ricana- t –il. La Honte les fera fuir le Royaume ou je ne m’appelle plus Rouge ! et de partir, tout fier de lui, pour une virée chez les Bleus, ses amis de la vallée des Gorges Profondes, qui, c’est bien connu, étaient des joyeux dragons toujours prêts à rire d’une bonne plaisanterie en vidant quelques tonnelets de bières indifféremment blondes ou brunes D’ailleurs, ce qui comptait c’était le nombre et l’intensité sonore des rots qu’elles provoquaient invariablement. Parmi les bleus, il y eut des champions classés hors catégorie intergalactique comme l'atteste les nombreux trophées suspendus aux solives de l'Auberge Centrale ... mais je m'égare Ceci est digne d'une histoire avec une Majuscule que je vous raconterai avec moults détails et grand plaisir dès que j’en aurais fini avec celle dite fabuleuse de ce vilain et chétif oeuf verdâtre… Où en étions nous ??? ah, oui, Rouge s'envolant, le coeur enfin soulagé d'un poids moral insupportable à destination de la Vallée des Gorges Profondes... vous suivez toujours ???? là, là , je le vois ce petit point qui clignote, dans le coin à gauche... Ne le perdez pas des yeux, ça commence à devenir intéressant. Donc, pour son malheur, il arriva que le dit Rouge croisa en cours de route une sorcière sur son balai. Dans sa hâte et dans la quasi obscurité (je vous ai dit qu’il était très très très tôt et donc le jour se levait à grand peine ) oubliant la priorité, il lui fit une queue de dragon en plein ciel. La sorcière, qui revenait d’un sabbat, était fatiguée et en colère. IDIOT DE ROUGE, hurla t elle MAIS QUAND DONC LE ROYAUME SERA-T-IL DEBARRASSE DE CETTE ENGEANCE ! Rouge n’en menait pas large malgré sa taille imposante. Les sorcières en colère et fatiguées sont particulièrement dangereuses car elles se trompent souvent dans leur sort ou maléfice et les conséquences catastrophiques sont difficilement réparables. J’en tiens pour preuve cette jeune sorcière inexpérimentée qui créa par erreur, l’espèce des chevaliers chasseurs de dragon ! Depuis, tous, jaune, rouge, bleu ou noir, ne connaissaient plus un jour de tranquillité. Même un vendeur d’assurances anti incendies, paraitrait agréable à côté d’eux. Rouge se confondit en plates excuses. Après un marchandage assez serré, il accepta de payer le dommage causé en nature plutôt qu’en espèces sonnantes et trébuchantes en raccompagnant la sorcière chez elle. Pour un balai sûrement d’occasion, il n’allait pas entamer son Trésor, tout de même ! La sorcière, réfléchit un moment puis avec un sourire que d’aucun aurait qualifié d’inquiétant, accepta le marché. Les voici tous les deux maintenant en route pour la forêt des Glisses Interminables située assez loin d’ici et taillant la conversation comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde. Mais que devient dans l’histoire, le petit œuf verdâtre ? Si vous avez été bien attentif, vous sauriez qu’il ne devait pas éclore avant quelques années ! Nous pouvons donc, à moindre risque, l’abandonner derrière sa pile de fromages frais … le temps pour tous les ingrédients qui composent une bonne histoire de se mettre en place ! (à suivre)

mercredi 25 mars 2009

Le chat et la souris

Un œil jaune brillant comme une pleine lune Observe l’ombre humide où se cache fragile L'infime étincelle aux moustaches tremblantes Un ventre innocent courant courant après le jour Au loin déjà s’entend l’aboi du crépuscule L’heure des plaintes qui soufflent les consciences Pour libérer la Chose de sa prison de hontes sur les champs ténébreux aux frontières fuyantes La bête tentaculaire alors coule anonyme sa pelisse noire sur des muscles bottés Traquant sa proie, elle sème son venin, sans aucun état d’âme, avide et terrifiante L’haleine carnassière s’abat comme un fléau Tandis que la griffe taille, le croc lui déchiquète Un scintillement d'étoile piqué sur la poitrine se meurt en lambeaux, si vite anihilés. Souvenez vous, oui souvenez vous, vous qui tirez les rideaux pour mieux dormir, du vol lourd des corbeaux à vos portes et des départs de trains sans lendemain Il fait nuit en plein jour

Elucubrations

j'en ai assez la triste dondaine ras la patate la sombre dondon assez de tout la itou lalère trop de rien la itou tin tin c'est peu de l'écrire traderi déra c'est pire de le vivre flagada tsoin tsoin ça rime ou pas patati patatère j'en ai rien à faire etc et caetera

La croisière s'amuse

La formule certes fumeuse fit une entrée plutôt discrète tandis qu'un balai sémillant filait de bien curieuses pointes Secret Man n'était pas un numéro il colla la formule à l'ombre gare gare aux poulets du balcon qui gloussaient : le temps, le temps, le temps. Quand le jour chut sur la place un juge sentencieux s'écria : La joute s'est dressée sur l'amer le verdict tombera à pic ! La mouette rieuse faisant fi de l'oracle s'empara du pilote de vert paré l'entrainant dans un tourbillon de piques et de glaces où miroitait l'ambroisie C'est alors que tout juste sorti de la fosse Dieu parut comme un jour de gloire pompeusement vêtu de son royal silence aussi débonnaire qu'une mort subite Ne doutez pas de la solution finale

Poulailler

Il y a là bas, un poulailler. On sait que c'est un poulailler parce qu'on entend glousser et caqueter les poules de loin. Elles gloussent et caquètent, oui. A l'odeur, on devine aussi qu'elles vivent là, sur leurs perchoirs, dans le poulailler. On devine aussi le bruissement des plumes secouées, le grattement des pattes cherchant une meilleure prise. Bien sûr, on ne peut pas les voir. Le poulailler n'a pas de fenêtre, et même si la porte ne semble pas close, elles ne sortent jamais. Alors on ne peut que supposer qu'il y a là, serrées les unes contre les autres, toutes sortes de poules. Des blanches, des rousses, des brunes et même, peut être, une ou deux noires. Plus rarement, traversant les parois du poulailler, on perçoit comme un coup de tonnerre le claironnement d'un coq. Un coq à la voix poussive et éraillée qui ne fait plus honneur au jour mais qui parade encore malgré son bec ébréché et ses ergots usés. Aucune poule ne l'écoute plus depuis belle lurette mais elles le laissent parader en paix : il a de belles couleurs. Si on approche discrètement du poulailler(les poules se taisent dès qu'elles se croient espionner) et qu'on patiente, on finit par comprendre. Il faut beaucoup de persévérance parce que les poules en gloussant, se répètent abondamment. Bref, on peut saisir au vol les histoires qu'elles se racontent. Des histoires à faire peur dont elles se délectent pourtant. Des histoires de belettes sanguinaires et de renards vicieux auxquels elles auraient échappé grâce à leur ingéniosité. De quoi mourir de rire ! Comment une poule serait elle plus maligne qu'une belette agile ou un renard affamé ? autant croire qu'elles ont des dents. Ce sont vraiment de vielles poules. Elles ne pondent plus depuis longtemps. D'ailleurs personne ne vient fouiller dans la paille. La nourriture et l'eau doivent provenir d'un mécanisme automatique parce qu'elles ne meurent pas de faim. Elles sont dures et acariâtres. Cela aussi se reconnait aux sons et à l'intonation de leurs voix. Quelquefois une joute verbale s'engage : ça ne glousse plus ça cocoricotte dans tous les sens On sent bien qu'elles s'échauffent et contestent leur réputation ou leur destin. Mais elles finissent pas oublier et se remettent à glousser, refusant de sortir de leur poulailler, avant de se raconter à nouveau des histoires à faire peur. C'est bête, les poules.

La fabuleuse mais néanmoins réelle histoire du vilain et chétif petit œuf verdâtre (1).

les histoires de la nouille venue d'ailleurs sont exclusivement réservées aux membres de sa tribulture. La voix off tient à préciser que tout autre lecteur qui envisagerait de parcourir même à 100 km/h ce texte, s’exposerait à des conséquences inimaginables et irréversibles et qu’il ne pourrait demander à l’auteure aucun dommage et intérêt sous quelque forme que ce soit ! J’en profite pour passer une petite annonce personnelle : « voix off sujette au vertige cède poste en hauteur : belle vue, ambiance assurée, reprise modique exigée Urgent Écrire à La Nouille qui transmettra » Entre nous, faudrait pas croire que je vais me taper toute la longueur de cette histoire que je subodore pitoyable et interminable. … Part 1 - Problème de voisinage Franchement, ce n’est plus tolérable, grogne Jaune. Le bouclier poli accroché au mur de la caverne accroche son regard et stoppe net ses vitupérations : De ses doigts armés de griffes longues et acérées, Jaune s’affaire un instant à extirper les petits bouts d’os coincées entre ses dents. TRU DVR ERR KK CHSSS dit elle les doigts encore dans la gueule… Rouge qui s’était arrêté avant de rentrer boire son petit tonneau de bière habituel, flotte dans une atmosphère de béate satisfaction ; Notons que de plus, il doit maintenant digérer la demi-douzaine de chevaliers grillés dans leur armure pour être plus juteux mais qui s'avèrent résister plutôt bruyamment aux sucs voraces de son estomac Peux tu préciser ta pensée, ma toute gracieuse, susurre t-il alors qu’il n’a rien écouté Jaune renonce à se mirer et s’affaisse à son tour sur sa couche de rubis provoquant un glissement rutilant assez spectaculaire semblable à une coulée de laves incandescentes. Dans un mouvement très rapide mais, à dire vrai, peu élégant, Jaune rassemble les rubis à l’aide de ses quatre membres, tasse un peu et enroule amoureusement sa longue queue autour du monticule qui constitue alors un nid acceptable. Je te parle de ces affreux Barratchas installés dans la montagne d’en face ! Reprend Jaune qui a de la suite dans les idées pour une dragonne. Le vent souffle perpétuellement dans la mauvaise direction : l’odeur est insupportable ! Ah, euh, boff soupire Rouge qui dort presque, le ventre distendu, la paupière lourde tombant irrésistiblement sur ses yeux remarquablement inexpressifs Si bien, poursuit Jaune comme s’il n’avait rien dit, que tous ces pauvres chevaliers errants en quête de gloire déboulent directement chez nous ! Je passe ma vie à nettoyer ensuite l’allée ! Tu sais bien que je ne digère pas les armures et ils abîment parfois mes écailles avec leurs petites épées brillantes, celles d'un nouvel alliage … et n’oublie pas non plus que nous avons quatre (là Jaune marque une pause assez longue et semble plonger dans une grande perplexité) non cinq œufs qui devraient éclore d’ici à peine une dizaine d’années… Si tu ne fais rien par rapport à ces mangeurs de fromages puants, cela finira mal ! La voix off sur le ton particulier des commentateurs de reportage scolaire : Ici, je me dois d'intervenir. Il est bon de préciser que les barratchas ont cette réputation malodorante collée à la peau et due à un régime alimentaire particulier à base de fromages forts pour ne pas dire franchement puants Rouge, bercé par le ronronnement des paroles de sa charmante compagne pense à part lui : pourquoi, mais pourquoi n’ai-je pas jeté mon dévolu sur une brave petite Rouge… Quel sort m’a-t-on jeté à l’époque pour que je déclare ma flamme à cette jaune, d’une beauté exotique et excitante certes (soupirs lascifs) mais hélas si difficile à satisfaire ! il lui fallait sans arrêt agencer les trésors différemment (cette semaine elle ne voulait que du rouge, ça jurait affreusement avec ses propres écailles au point de lui donner mal à la tête !) en plus il y avait dans la couvée un œuf rachitique, verdâtre du plus mauvais augure qui risquait de ternir sa réputation … La queue de Rouge s’agita et frappa contre des bassines d’or,rouge, bien entendu, au rythme de son énervement imitant parfaitement un roulement de tonnerre … Une idée de passage l’éblouit soudain On pourrait traduire cet évènement d'une exceptionnelle rareté (l'apparition d'une idée dans le cerveau d'un rouge est en effet aussi rare que les poux sur la tête d'un chauve) par : mystérieuse collision de synapse ! Spectacle effrayant même pour un cœur bien accroché et raison de plus pour un lecteur lambda pourvu ne serait ce que d'un poil d'imagination. La tête de Rouge s’illumina soudain comme sous l’effet d’un retour de flamme incontrôlé : il allait faire d’une pierre deux coups … A suivre

Gougounousse

un truc de ouf dedans ma tête un tour de langue qui se répète une faribole, un brimborion comme un manège, dis le, c'est con une babiole dedans ma bouche bien moins brillante qu'une luciole et qui frétille et qui tourniole comme un manège, je sais, c'est louche un leitmotiv dedans mon cœur trois petits sons porte bonheur une bagatelle qui glisse qui glousse à toi, essaye le Gougounousse. (à JF en souvenir)