vendredi 3 juillet 2009

La photocopieuse

Danger , machine branchée… Vous croyez la machine au service de l’homme ? Sérieusement, êtes vous certain qu’elle vous facilite la vie ? Tenez, prenez par exemple la photocopieuse Une machine inventée pour vous aider à communiquer et vous éviter les tâches fastidieuses Certes un peu volumineuse et parfois bruyante mais statique, donc à priori sans danger. On pourrait croire alors qu’il suffit pour la maîtriser de la cantonner dans un petit coin discret mais tout de même lumineux (elle a peur du noir) ou au bout d’un couloir afin que tout le monde puisse l’admirer au passage et flatter ainsi son égo. Après tout, elle a fait un effort de look et s’expose branchée, presque design. Pourtant, que de misères, de dépressions de traumatismes lui sont imputables Vous vous présentez muni d’un simple modèle noir et blanc qu’on avait omis de vous remettre et qu’il faut dans les 2 mn dupliquer en une centaines d’exemplaires pour la réunion d’information très importante que tient M. le Grand Directeur sur un sujet de son choix, passionnant, comme l’extension du réseau d’assainissement et sa budgétisation. Donc sur le papier quelques chiffres et un schéma plutôt simplet (il faut qu’il soit lisible par tous et ne comporte donc que de vagues indications sans mots rébarbatifs ou techniques, aucune couleur aucun montage à prendre en compte) Connaissant la susceptibilité de la chose, vous vous approchez en sifflotant gentiment pour la réveiller en douceur . Une petite lueur rouge maligne vous surveille déjà et votre cœur se met soudain à battre follement C’est d’un doigt le plus doux possible que vous lui caressez le bouton sensible de votre code d’accès Et là, au lieu du ronronnement habituel, elle émet ce couic strident qui vous fait sursauter et qui doit s’entendre jusqu’au sous sol. « Code erroné. » Bon, pas encore la panique à bord. Sans trop hésiter (le temps passe) vous vous risquez à tapoter avec plus de fermeté le code de votre collège absent(par quelle diablerie a t elle effacé le vôtre ? mystère et boule de gomme, vous règlerez cela plus tard). Le monstre daigne valider au premier essai les chiffres du comptable. Il vous signifie ainsi qu’il n’entend pas vous rendre la vie facile, qu’il vous en veut à vous, personnellement. Mais diable, allez vous vous laisser dominer par cette créature soi disant sans âme N’êtes vous pas de la même espèce que l’être suprême, le dieu créateur ??? Avec optimisme, vous engagez la feuille dans la rayure adéquate et indiquez soigneusement le nombre d’exemplaires simples souhaités. Elle –ou il si vous pensez comme moi monstre) s’empresse, goulue, d’avaler de travers. Aie ; c’est l’original. Vite opération démontage, récupération in extrémis du-dit précieux document légèrement amputé dans le coin supérieur gauche mais ouf, sans autre dégât. Option deux vous soulevez le capot pour tenter d’obtenir des copies. Riposte immédiate ! Réservoir d'encre plein Impossible d'imprimer (toujours en rouge agressif clignotant) .AHHHHHHH vous allez vous en mettre partout Si seulement il suffisait de changer de cartouche mais là, il faut d'abord vidanger le réservoir Galère et Mains Noires. Vous êtes rodé, tenace, et hop hop hop, en deux temps trois mouvements, vous lui réglez son affaire à la ga.... euh pardon, la photocopieuse sans salir (miracle) l'original que vous aviez laissé, instinctivement, sous le capot Les paumes moites, les mâchoires serrées sur votre frustration, vous osez retaper sur valider ERREUR FATALE ! « votre document n’est pas un format standard, veuillez remplir la cassette adéquate » défile devant vos yeux exorbités ; laquelle cassette adéquate bien entendu n’existe pas puisqu’il manque juste un demi centimètre qu’elle s’était arrangée pour prélever et l'enfouir sous des rouages obscurs et inaccessibles Surtout ne pas s’énerver ni exprimer sa frustration à haute voix La machine est susceptible, peut être même télépathe, car si vous avez eu l’audace de penser trop fort quelques mots bien imagés ( que je n’ose répéter ici) sa vengeance sera comme la haine corse, éternelle. Dans la salle de réunion, les raclements se font entendre. On s’impatiente Vite, vous réinitialisez l’engin de malheur et vous l’obligez à valider le format A4 Par pur sadisme, elle clignote encore Elle fait son genre, elle la parfaite, qui s’adapte à tout elle minaude : type de papier ? simple ou cartonné, recto ou verso, tir groupé ou trieuse (à la co,,, , il n’y a qu’un document : elle le fait exprès c’est sûr) . Avec un calme d'apparence olympien,mais plus proche du magma dans sa cheminée volcanique, vous répondez (juste) à ses questions et suivant ses propres consignes, tapez enfin sur la touche exec qui vous nargue de son vert glauque. Mal vous en a pris. Elle recommence à clignoter rouge Il vous faut un moment pour comprendre qu’elle a fait disparaître par télékinésie – il n’y a pas d’autres explications plausibles parce que moins de 10 mn avant votre duel, vous avez personnellement rechargé ses bacs ) toute une ramette de papier (conforme, si, si, je vous l’assure, 80 gr standard etc etc) Nul doute, elle vous déteste mais vous le lui rendez bien Au bord des larmes, rêvant de papier carbone ou d’une gentille ronéo, vous ne résistez pas à la tentation de lui envoyer votre pied sur le tibia (ou son équivalent mécanique) en appliquant une force modérée car - oubli impardonnable - vous n’êtes pas équipé de godillots de protection et elle pourrait en profiter pour vous casser un ou deux orteils sachant pertinemment que vous aurez beaucoup de difficulté à faire passer votre agressivité pour un accident de travail... c’est le moment que choisit votre chef bien aimé pour venir aux nouvelles des fois que pris de folie vous vous seriez autorisé une pause cigarette pour retrouver votre sang froid habituel. Rien que pour vous faire mentir, dès qu’il apparaît et que vous tentez d'une voix contenue de lui exposer les contre temps rencontrés, elle ronronne, la lâche, la lèche botte, mielleusement et se met à cracher les 100 copies sans même prendre le temps de souffler tapant sans nul doute dans le bac à fax (le pauvre, elle ne le remboursera jamais) et mijotant sa prochaine bataille. En vérité je vous le dis : La guerre ne fait que commencer !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire