mercredi 25 mars 2009

Poulailler

Il y a là bas, un poulailler. On sait que c'est un poulailler parce qu'on entend glousser et caqueter les poules de loin. Elles gloussent et caquètent, oui. A l'odeur, on devine aussi qu'elles vivent là, sur leurs perchoirs, dans le poulailler. On devine aussi le bruissement des plumes secouées, le grattement des pattes cherchant une meilleure prise. Bien sûr, on ne peut pas les voir. Le poulailler n'a pas de fenêtre, et même si la porte ne semble pas close, elles ne sortent jamais. Alors on ne peut que supposer qu'il y a là, serrées les unes contre les autres, toutes sortes de poules. Des blanches, des rousses, des brunes et même, peut être, une ou deux noires. Plus rarement, traversant les parois du poulailler, on perçoit comme un coup de tonnerre le claironnement d'un coq. Un coq à la voix poussive et éraillée qui ne fait plus honneur au jour mais qui parade encore malgré son bec ébréché et ses ergots usés. Aucune poule ne l'écoute plus depuis belle lurette mais elles le laissent parader en paix : il a de belles couleurs. Si on approche discrètement du poulailler(les poules se taisent dès qu'elles se croient espionner) et qu'on patiente, on finit par comprendre. Il faut beaucoup de persévérance parce que les poules en gloussant, se répètent abondamment. Bref, on peut saisir au vol les histoires qu'elles se racontent. Des histoires à faire peur dont elles se délectent pourtant. Des histoires de belettes sanguinaires et de renards vicieux auxquels elles auraient échappé grâce à leur ingéniosité. De quoi mourir de rire ! Comment une poule serait elle plus maligne qu'une belette agile ou un renard affamé ? autant croire qu'elles ont des dents. Ce sont vraiment de vielles poules. Elles ne pondent plus depuis longtemps. D'ailleurs personne ne vient fouiller dans la paille. La nourriture et l'eau doivent provenir d'un mécanisme automatique parce qu'elles ne meurent pas de faim. Elles sont dures et acariâtres. Cela aussi se reconnait aux sons et à l'intonation de leurs voix. Quelquefois une joute verbale s'engage : ça ne glousse plus ça cocoricotte dans tous les sens On sent bien qu'elles s'échauffent et contestent leur réputation ou leur destin. Mais elles finissent pas oublier et se remettent à glousser, refusant de sortir de leur poulailler, avant de se raconter à nouveau des histoires à faire peur. C'est bête, les poules.

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